DALILA BENFRIHA

" Pourquoi avez-vous choisi d’être accompagné en thérapie par les mouvements oculaires ?  "

J'ai vu sur internet que cela pouvait aider à guérir de certains chocs traumatiques mais je ne pensais pas que cela serait utilisé avec moi.

J'étais venue dans l'état d'esprit d'avoir un accompagnement comme celui accordé pour le développement personnel, comme l'on en voit beaucoup ces dernières années.

" Dans quel état psychologique étiez-vous, en arrivant à votre première séance de thérapie avec Dalila ? "

J'avais besoin d'aide. Je me sentais à bout de toute recherche de solutions. Je me sentais très fatiguée. Je sentais que j'étais bloquée sur pleins de niveaux mais ne savais pas comment m'en débarrasser. Je me sentais responsable de ne pas avoir pu et su protéger mes enfants. J'arrivais à la fin de ma 3ème années d'études d’infirmière et sachant que je rate toujours mes projets justes avant d'arriver au bout, je voulais cette fois-ci l'éviter. J'ai beaucoup lu tout au long de ma vie et j'avais connaissance ces dernières années d'où pouvaient provenir mes difficultés à résoudre mes problèmes, à achever mes projets, à construire une relation saine avec un homme à me sentir bien tout simplement.

J'en avais assez de devoir toujours abandonner ou avoir peur d'être abandonnée. De me sentir en échec ou en réussite minimale.

" Combien de séance avez-vous effectué ? "

2 séances pour moi.

2 séances pour chacun de mes deux fils.

" Qu’attendiez-vous réellement de ces séances ? "

Je voulais essayer une énième tentative de trouver une solution à mes problèmes et tenter de les régler avec votre aide. Je voulais des conseils pour mieux appréhender ma vie et prendre de meilleures décisions pour moi et mes enfants. Je ne pensais pas que ce travail avec vous, m'amènerait aussi loin et me ferait autant de bien en aussi peu de séances. 

" Comment avez-vous perçu cette technique de thérapie par les mouvements oculaires ? "

Ça m'a beaucoup surprise car vous ne m'avez rien expliqué de comment se passerait la séance. Cela a été "brutal" dans l'approche dans le sens où au bout de la 2ème question vous abordiez déjà le sujet, le problème de mon existence (viol dans l'enfance) sans tabou, ni retenue. De vous approcher d'aussi près et de rentrer dans le sujet de manière aussi vive, je me suis sentie dans le "devoir" de tout vous révéler. Comme si l'on était "pris au piège", que l'on ne pouvait plus s'enfuir et qu'il fallait maintenant se livrer. Je l'ai fait bizarrement sans peur et avec facilité, sans me questionner ou ni me retenir ou réfléchir à mes réponses. Elles étaient instantanées. La séance n'a duré que 30 minutes mais elle (la séance) ma épuisée. Je me suis sentie me vider et j'ai ressentie certaines douleurs et gênes au niveau de l'estomac et de la gorge. J'ai eu ensuite au sortir de la séance des courbatures partout. J'ai pleurée tout le long du trajet. Et j'ai fait une grosse sieste arrivée chez moi, je me suis sentie éreintée. C'était dure, difficile de revivre ces moments douloureux en présence de quelqu'un d'autre que moi-même et quelqu'un d'inconnu. C'était étrange mais je sentais que cela devait sortir, que c'était le moment. Je me suis sentie confiante. J'ai à un moment sentie une résistance de ma mémoire. Puis elle s'est arrêtée de résister. C'est comme si je disparaissais pour mieux réapparaitre.

La 2ème séance était moins naturelle même si j'ai voulu jouer le jeu, mais il y a moins l'effet de surprise. Mon inconscient était plus éveillé, je mettais plus de temps à répondre aux questions, comme si je les réfléchissais, je ne sais pas pourquoi.

Avec le recul (3 semaines depuis ma dernière semaine) j'en comprends que c'est peut-être la petite fille en moi qui faisait de la résistance, qui ne voulait pas me quitter. Je n'ai connu qu'elle en moi depuis toute petite, j'avais je pense peur de me retrouver sans, de l'inconnue.  

" Qu’est-ce que ces séances vous ont permis d’apprendre sur vous ? "

Je ne pensais pas que tous ces blocages dans ma vie venaient de là, je pensais qu'ils venaient des problèmes de violence et d'alcoolisme de mon père. Elle m'a appris ce que je savais déjà sur le jugement que j'avais de moi, mais j'avais cruellement besoin de l'entendre de quelqu'un d'autre. De le partager avec quelqu'un qui ne me jugerais pas et qui saurais me dire quoi en faire (une professionnelle). Elle m'a appris que cela n'était pas "normal" d'écouter cette "conscience" qui me jugeait et qui me faisait juger tout le monde, qui me faisait vivre dans la peur de tout. Elle m'a appris que malgré le sentiment que j'avais de vivre ma vie pleinement au quotidien, je n'y arrivais en fait pas. Je me suis rendue compte que malgré tous mes efforts pour paraitre bien et le croire, je ne l'avais jamais réellement été.  

" Qu’est-ce qui est rentré dans l’ordre pour vous concrètement ? "

Je me suis libérée d'un gros secret, je me suis réconciliée avec moi-même, j'ai laissé cette petite fille s'en aller en paix, je ne "l'entends" plus (ce ne sont pas des voix, mais ses intentions, ses jugements dans ma conscience qui ne sont plus là). C'est comme si je me retrouvais toute seule pour la première fois de ma vie et ça ne me fait pas peur et ne ressens aucune angoisse. C'est bizarre car je devrais me sentir triste ou trop seule, mais non, au contraire je me sens "terriblement" bien.

J'ai même peur par moment de redevenir mon "ancienne moi-même" et que cela ne va pas durer. Un peu comme quand on apprend une super nouvelle ou que l'on tombe amoureux, on pense qu'on est la meilleure, la plus belle, la plus forte et on a juste peur de redescendre sur terre et de ne redevenir plus rien ou quelqu'un de normal. Mais j'ai comme l'intime conviction que cette fois-ci ce ne sera pas le cas. Peut-être parce-que vous m'aviez répondu à une question similaire en me disant qu'une fois réglé, notre état ne reviendra pas à celui d'avant. Et j'ai terriblement besoin d'y croire. 

" Qu’est-ce que les séances vous ont permis de changer dans votre vie ? "

Je me sens libérée, très très différente. Je ne vois plus les gens ou ma vie de la même manière. Je me sens détachée de tout alors qu'avant je m'attachais à toutes choses même sans importance, j'en faisais quelque chose de très important.

Je me sens en accord avec moi-même.

J'ai l'impression de me découvrir. Mes réactions sont totalement différentes. Je regarde plus profondément dans les yeux des gens, je n'ai plus aucune peur. Le blues, la peur, le stress je les ressens mais de manière moins importantes et surtout ne les subit plus. J'ai un lâcher prise qui se fait naturellement, je n'ai plus besoin de me contrôler. J'ai l'impression de ne pas avoir été "totalement" moi-même depuis 33 ans (j'avais 8 ans) et je me découvre avec mes choix sans "filtres". C'est vraiment incroyable. Je prie chaque jour pour que cette sensation ne disparaisse jamais. Je me sens comme lâchée dans la nature mais confiante dans mon avenir, quel qu'il soit. Je ne l'entends vraiment plus cette petite fille et c'est un sentiment très étrange et tellement sain.

 Je me suis mise dans plusieurs situations juste pour me découvrir. J'aime beaucoup la personne que je découvre (moi) et je me sens la plus heureuse et chanceuse femme au monde de découvrir cela.

Je refais des rêves, ce que je ne faisais plus depuis au moins environs une quinzaine d'années ou voire très rarement.

J'avance très lentement sur mon mémoire de fin d'études mais cela ne m'inquiète pas plus que ça. Je ne ressent plus la peur de l'échec ou du jugement des autres.

Je suis tombée à 2 reprises sur des "fous du volant" et je n'ai pas laissé leur violence m'envahir. Le dernier est même descendu de sa voiture pour me frapper, je suis sortie de la voiture et n'avait aucune peur. Je n'ai pas ressenti sa violence, ses injures et ses menaces. J'étais comme blindée, rien ne pouvait m'arrêter. J'ai vu dans son regard le néant et il pensait me faire peur, il s'est approché à 2 reprises sous mon nez pour me "cogner" mais je n'ai rien laissé paraitre (car je n'avais vraiment pas peur) il est parti bredouille et plus énervé, il avait l'air perturbé que cela ne provoque aucune peur en moi. J'étais moi-même très impressionnée de ne pas avoir ni tremblé d'énervement, ni paniquée. J'ai su répondre calmement sans réfléchir à ce que j'allais dire et j'ai aimé ce que j'ai dit. En rentrant dans ma voiture je suis tout de suite passée à autre chose. Auparavant, j'aurais senti le besoin de le raconter à au moins 2 personnes, j'en aurais parlé pendant 2 jours. Là je n'en ai parlé à personne et n'en ressent aucunement le besoin. Je me sens tellement apaisée. J'ai confiance en moi. Et ça se ressent tout autour de moi.

Je sens que les gens (ma famille, mes amies) prennent plaisir à passer du temps avec moi et moi aussi. Je n'ai plus l'impression de vivre "à côté" de ma vie, je la vie et cette sensation est toute nouvelle pour moi. J'ai n’ai pas besoin d'un mode d'emploi pour savoir comment vivre… tout se fait tout seul, sereinement. J'ai l'impression également de chercher mes limites, savoir jusqu'où je peux aller, comme chercher qui je suis en fait. Je cherche à savoir ce que mes anciennes peurs me faisaient faire ou m'empêchaient de faire et ce que la nouvelle personne que je suis devenue est vraiment capable de faire ou pas et ce que je veux réellement faire ou pas.

J'ai encore besoin de contrôler mes colères sur les enfants, même si j'ai l'impression aussi que ce sont plus des cris que des colères. Je sens également mes deux fils M. (9 ans) et N. (7 ans) libérés également.

M. m'a dit :" Maman quand tu me cries dessus ça ne me fais plus rien. Ça ne veut pas dire que je m'en fiche, mais après j'oublie tout. " C’est un garçon très sensible et il avait tendance à faire comme moi, à s'arrêter sur les moindres détails négatifs et à les laisser bouffer sa vie. Il prend maintenant plus confiance en lui en prenant ses propres décisions. Au parc d'attraction il a choisi le groupe familial avec lequel il voulait faire les attractions avec plus de détermination. N. est toujours avec des soucis d'inattentions mais il est beaucoup plus apaisé. Aucune crise d'énervement. Il a fait pour la première fois en 1 an et ½ un dessin à la psychologue avec nous 3 et un gros cœur nous entourant tous ensemble. Il est dans une autre dynamique plus constructive. Nous le sommes tous les 3 en maintenant. 

" Quel regard portez-vous à votre égard aujourd'hui ? "

Je m'estime beaucoup sans mégalomanie. Je suis moi mais en mieux. Je me sens bien avec moi-même, en paix. Je respire la vie. Je vie vraiment chaque moment même ceux où je n'ai rien à faire ou je ne fais rien. Je ne cherche pas à fuir la solitude, je l'apprécie. Je suis heureuse et j'ai vraiment l'impression de le transmettre à tout le monde et spécialement à mes enfants. J'ai enfin fait le ménage intérieur. Avant j'attendais toujours la dernière minute pour faire les choses et même plus, je retardais tout ou ne faisais pas les choses. Tant que ce n'est pas une urgence vitale, ça peut attendre. Je pensais que c'était de la simple procrastination. Maintenant que je ne prends plus chaque petite chose avec grande importance, j'ai l'impression que j'arrive à m'occuper de choses pas urgentes en tenant compte que même sans urgence, là il faut les faire. Ou trouver au plus tôt un moment pour les faire. J'ai comme redonné un sens à chaque chose depuis que j'ai trouvé un sens à ma vie. C'est vraiment ainsi que je le ressens. Je ne subis plus ma vie, je la vis. 

" De quoi êtes-vous le plus fière dans votre parcours ? "

De m'en sortir, de reprendre les rênes de ma vie. De nous avoir libéré tous les 3. De pouvoir nous donner une chance d'être heureux et pouvoir offrir une chance à mes enfants d'éviter mon parcours.

De ne pas avoir abandonné et de ne pas avoir mis fin à mes jours. Il existe des alternatives, des solutions.

D'avoir pu garder la raison malgré tout, sur tout le reste et continuer d’avancer.