DALILA BENFRIHA

Pourquoi envisager une thérapie de couple ?

Chacun vit dans son quotidien de légers différends qui peuvent soit se résoudre rapidement   soit s’installer en  devenant de plus en plus pesants dans la vie d'un couple. Très souvent ces disparités finissent par se  cumuler avec le temps, source de conflits pour les deux partenaires. Surviennent ainsi progressivement des crises au sein du couple. Chacun  cherche alors à défendre ses positions et ses choix,  perçus comme  meilleurs que ceux de l’autre. Le réflexe humain mis  en place vise ainsi à se protéger de l’autre en le blâmant  et en lui faisant des reproches pour exprimer à la fois son agacement et ses frustrations.

L’ambiance conjugale finit donc par  se détériorer au fur et à mesure puisque chacun  interprète et rumine les gestes, les paroles et  les actes maladroits de son partenaire. Les hostilités sont alors déclarées. Les tentatives de discussion tournent  bien souvent au perpétuel règlement de compte . En effet, quand l’un choisit d' enterrer la hache de guerre, l’autre est animé par la rancœur et le sentiment d’injustice, issus des anciennes altercations. La communication vacille ainsi car chacun s’arque-boute  sur ses ressentiments. S'instaure donc un sentiment d’incompréhension réciproque.

Isabelle et Cédric, au caractère différent, n’arrivent pas à se rapprocher l’un de l’autre. Leurs disputes, depuis maintenant dix ans, se nourrissent de reproches, de rancœurs passées et  de règlements de compte incessants. Ils ne comprennent pas pourquoi ils en sont arrivés là. Ils ont bien tenté de se séparer, considérant que, seule cette décision serait la meilleure. Pourtant à mon sens, cela ne résoudrait rien tant que  chacun ne réussit pas à régler ses  propres conflits intérieurs. En effet, ils ne feraient que  déplacer leurs problèmes actuels non résolus en les  reportant cette fois-ci sur un nouveau partenaire. Au bout du compte, ils ne seront pas heureux pour autant !

Comment choisir le thérapeute susceptible de vous convenir ?

Consulter un psychologue ou un thérapeute familial, fait aujourd’hui partie des mœurs. Il s'agit de trouver  un professionnel respectueux de vos attentes, qui ne s'impose pas et avec lequel vous vous sentez pleinement  libre d'aborder tout sujet du fait de la  neutralité de son discours. Il existe différentes approches thérapeutiques pour se faire accompagner dans un travail personnel. D'une part, l’approche classique consiste à effectuer des séances en couple, avec des échanges verbaux  avec le psychologue ou le thérapeute familial. D'autre part, certaines approches, telle que les thérapies brèves, proposent  un travail individuel  à l'aide d' outils thérapeutiques, qui vont solliciter une dimension psychologique pas assez exploitée, à savoir la partie inconsciente . Quand Isabelle me consulte, en vue de l’accompagner dans le règlement de ses conflits avec son compagnon,  s’effectue alors un travail individuel visant à lever les blocages inconscients, accélérateurs des tensions du couple. Dans un deuxième temps, Cédric rejoindra cette démarche. Tous deux n'avaient pas conscience combien  les différents chocs émotionnels vécus dans leur passé influençaient grandement leur façon de communiquer entre eux. Chacun a donc effectué deux séances individuelles qui ont contribué largement à déminer le terrain. En effet, sans avoir eu besoin de les recevoir ensemble, le climat s'est alors apaisé. En réalité, chacun avait des frustrations indépendantes  de l’autre. Néanmoins les rancœurs du passé de chacun émergeaient  systématiquement ; tout devenant ainsi prétexte :  « Tu as oublié de sortir les poubelles. », « Tu aurais pu ranger, je suis fatigué de passer derrière toi. » ou encore : «  Tu es partie sans me prévenir. »  Se  revendique alors un désir de capter  l’attention de l'autre , source de conflit !

Faut-il consulter, seul ou à deux ?

Si vous décidez de forcer l’autre à venir consulter  cela sera  inefficace car il viendra pour vous faire plaisir, mais n’aura pas pris conscience de la nécessité d'une démarche personnelle . Il  effectuera alors de la résistance afin de ne pas adhérer à  votre initiative individuel. De plus, celle-ci va responsabiliser l’autre car cela équivaut à lui dire : « Je ne te prendrai pas par la main pour faire cette démarche mon chéri/ma chérie, parce que tu n’es pas un enfant. Cependant, j’ai envie de le faire pour moi ». Cette attitude est bien plus positive que d'opter pour ce type de remarques : « Tu ne fais aucun effort, c’est toujours moi qui prend les devants. » Faites la démarche pour vous-même, pour vous comprendre et surtout afin de saisir vos propres enjeux et ceux de votre partenaire.  Acceptez que celui-ci  refuse de consulter un psychologue ou un thérapeute familial. C'est son problème et non pas le vôtre ! Néanmoins dans le cas d'Isabelle, elle a insisté pour qu’il vienne.  Je lui avais pourtant déconseillé d'imposer à  son conjoint  cette démarche. Mais suite  aux deux séances, ayant modifié positivement son comportement il s'est alors  résolu à venir, soucieux de vouloir lui même  bénéficier de cette thérapie.

Faut-il envisager une résolution rapide avant toute décision ?

Ne prenez pas de décisions hâtives, surtout si vous êtes en cours de travail d’accompagnement car vous allez rencontrer et découvrir toute la plénitude de vos émotions. Ne prenez aucune décision à chaud, laissez vous le temps de vous regarder grandir et évoluer. Laissez la sagesse vous habiter. Accueillez votre VULNERABILITE. Ne lâchez rien car le temps est aussi votre précieux allié et prenez le temps de voir toutes ces petites graines semées pousser et égayer vos yeux…